En regardant dans le dernier Elle, le dossier sur pourquoi les filles se trouvent toujours trop grosses, j'ai été frappée, tout d'un coup, par l'hypocrisie crasse de ce genre de magazine, car sur toutes les pages de droite de l'article se trouvaient des photos de filles lianesque en sous-vêtements. L'article lui-même parlait de cette fausse image de la beauté-maigreur qui est véhiculée par la publicité.

Cette hypocrisie des magazines de mode et de beauté, tout le monde la connaît, dire aux femmes d'être elles-mêmes tout en leur disant : tu DOIS t'habiller comme ça sinon tu es out, c'est purement hypocrite. et partout c'est pareil, on dit aux femmes d'accepter leur pilosité tout en vantant les mérites d'une cire dépilatoire, on leur dit d'être parfaite tout en leur disant de savoir faire des crises de nerfs et de se lâcher. Bref, on dit tout et son contraire.

Je suis moi-même tout et mon contraire. Au départ mon envie de mode passe par une fascination des défilés de Valentino, ces longues robes flamboyantes ou angéliques qui volent derrières ces êtres pas du tout humains. Puis j'ai grandi, j'ai regardé avec envie les filles minces entrer dans les vêtements qu'elles voulaient, tandis que les petites vendeuses snob me disaient : désolée, on ne passe par le 44. J'ai encore grandi, j'ai encore changé, j'ai perdu des tailles, je suis péniblement arrivée au 40, au 38, je fais du 36 maintenant, mais ce n'est pas sans peine, et au moindre faux-pas, je suis bonne pour des séances de sport supplémentaires.

J'ai voulu leur ressembler, être sur le haut du panier comme elles, comme ces filles que je trouve sans cervelle et sans intérêt, comme ces fausses blondes (à l'extérieur seulement) qui m'agacent et dont je dis du mal sans arrière-pensées. Enfin, j'ai trouvé, d'autres anciennes "moches", "looseuses", "perdantes", elles sont blondes, elles sont minces, elles sont maquillées et habillée à la dernière mode, et elles ont plus dans la tête que leur prochain vernis à ongles ou leur petit ami.

Ensembles, on se mêle à la masse, on bosse dur sur les dernières actus, les derniers potins (et vive la presse people), et, en secret, on se retrouve pour parler de choses qui nous intéressent, de cinéma, de peinture, de vraie mode, des choses qu'on veut faire plus tard, que ce soit partir traverser l'Atlantique à la voile ou visiter le Brésil.

Mais quand les vraies blondes débarquent, on se tait, sinon pour commenter les frasques d'une ancienne star, avec celles qui se nourrisent de la vie des autres pour combler la leur.

Nous aussi, nous sommes hypocrites, une coquille, rien de plus. Le tout est de savoir ce qu'il reste après avoir enlevé ce vernis, ce qu'on vaut. De savoir si le vrai message qui est donné par les gens c'est : sois belle et tais-toi ou sois belle par ton combat.